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Claire, Anton et Eux

2017

François Cervantes signe avec 14 jeunes artistes du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, une création inédite et bouleversante, saluée au Festival IN d’Avignon 2017. En septembre-octobre 2018, la reprise du spectacle donne lieu à plusieurs dates à l’international, à Paris et Ile de France ainsi qu’à Marseille.

Oser imaginer l’autre
Lorsque Claire Lasne m’a proposé d’être auteur associé à la promotion 2015-2017 du Conservatoire, pour écrire et mettre en scène un spectacle avec eux, j’ai accueilli cela comme une joie, et puis, je me suis demandé : de quoi allons nous parler ?
Je ne voulais pas escamoter la réalité de ce groupe de quinze personnes de vingt à vingt cinq ans, pour les emmener vers des identités trop éloignées d’eux mêmes, de leur jeunesse, de leur situation d’étudiants dans une grande école.
L’école me semblait être un sujet en soi, vaste, initiatique : des jeunes gens qui sortent de l’enfance quittent leur famille, et passent trois années avec des camarades et des professeurs qu’ils ne connaissaient pas avant, pour se construire une famille poétique.
Ils découvrent les langues des poètes, lisent des textes de toutes les époques, côtoient les morts et les vivants, et espèrent une rencontre essentielle, un choc fondateur : une œuvre, un professeur, un camarade, ou même une rue de Paris, une heure de la journée, une certaine lumière, mais un choc, au moins un.
Je me demandais par quels chemins étaient passé les désirs de plusieurs générations pour aboutir à la présence de ces jeunes acteurs dans cette école prestigieuse de théâtre.
Je me demandais de quel théâtre ils rêvaient, quelle présence ils allaient apporter sur les plateaux des théâtres.
Ces pensées et ces questions ont été le point de départ de « Claire Anton et eux ». Claire, car Claire Lasne les a accueillis dans son projet politique : rapprocher le théâtre de demain et la société civile. Anton, car Anton Tchekov a été compagnon de route indéfectible de Claire Lasne, et qu’il a été à la fois médecin et auteur dramatique. Eux, car le spectacle s’est construit avec eux, à partir d’eux.
Je leur ai demandé qui, dans leur famille, avait été en relation avec l’art. Cela a commencé par des acteurs, des écrivains, des réalisateurs, et puis, peu à peu, sont apparus des cousins Gnaoua, un arrière grand père conteur, un grand père artiste qui n’avait pas reconnu sa fille, un père photographe, un père mannequin… La palette s’ouvrait et se complexifiait. Parfois, une grand-mère analphabète, qui n’avait jamais pu approcher un piano, était plus facile à convoquer sur le plateau qu’un autre ancêtre plus proche de l’art.
Les affinités électives, les désirs et les transmissions secrètes commençaient à se révéler.
Chacun commençait à reconnaître son histoire cellulaire et intérieure, sur la lumière du plateau, dans le mouvement des corps, face au public, en pleine action avec les camarades de jeu.
il y a eu des semaines de lente métamorphose des paroles en écriture, des histoires personnelles en récit commun, récit d’un groupe, d’une troupe, d’une génération. C’est devenu aussi l’épopée d’une époque où le métissage a atteint une intensité jamais vue jusqu’à aujourd’hui, et où nous découvrons l’importance de l’autre, irréductiblement autre, l’éternel étranger, qui nous redonne à nous mêmes.

Claire, Anton et eux
Les acteurs font revenir des personnages qui font partie de leur histoire : des membres de leur famille, des êtres qui les ont marqués, rencontrés dans la vie, dans des livres, dans des récits, dans des rêves, des voyages…
Certains instants de notre passé sont intacts en nous. La mémoire du corps est étonnante.
Les acteurs convoquent ces instants, et ces personnages arrivent dans le présent, dépaysés, surpris, émerveillés, stupéfaits. Certains viennent de franchir une vingtaine d’années, d’autres plusieurs siècles ! Ils arrivent parmi nous.
Avec ces personnages, reviennent des quartiers de France, d’Espagne, d’Italie, du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, de Syrie, d’Arménie, de Hongrie, du Liban, de République Dominicaine…
Des maisons, des appartements, des chambres, des couloirs, des rues, des jardins, des plages, des forêts, des trains, des paysages de guerre, des parquets de bals… Ces personnages qui reviennent à travers la mémoire et le corps des acteurs découvrent notre époque métissée. Gabriel, Théo, Louise, Milena, Salomé, Lucie, Roman, Jean, Kenza, Jean-Frédéric, Sipan, Solal, Maroussia, Léa et Selim les accueillent sur le plateau du théâtre : tous les lieux et toutes les époques se rencontrent.
Ces quinze jeunes acteurs évoquent les peuples qui sont en eux.
Ils arrivent face à nous, et à travers eux, nous voyons venir des mondes qui aspirent à la rencontre, qui viennent vers nous, qui sont assoiffés de connaître notre époque, leur avenir !
François Cervantes – extraits – mars 2017
Texte et mise en scène François Cervantes
Avec Gabriel Acremant, Salif Cissé, Théo Chédeville, Milena Csergo, Salomé Dienis-Meulien, Roman Jean-Elie, Jean Joudé, Sipan Mouradian, Pia Lagrange, Solal Perret, Maroussia Pourpoint, Isis Ravel, Léa Tissier, Sélim Zahrani
Dramaturgie Renaud Ego
Création lumière Lauriano de La Rosa
Régie générale Xavier Brousse
Régie lumière Bertrand Mazoyer
Costumes Camille Aït Allouache
Production Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
Diffusion L’entreprise avec le soutien du Jeune Théâtre National
Création inédite et bouleversante, François Cervantes signe avec les élèves du Conservatoire national d’art dramatique, un spectacle de grand niveau. Le glissement du récit singulier à celui de l’universel et d’une mémoire partagée opère à merveille. Leur simple présence suffit à créer de vastes mondes et à faire jaillir des sens, des résonances, et des références que le public ne cesse d’attraper de plein vol.
Un fauteuil pour l’orchestre, Jean Hostache [juillet 2017]

Ils métamorphosent le théâtre en agora. Où est le vrai ? Où est le faux ? Jusqu’à quel point ces biographies sont-elles romancées ? Les scènes de vie et les scènes de fiction s’entremêlent et se confondent… Peu à peu, par petites touches, « ils » dessinent le portrait d’une génération. Leur génération.
La Croix, Didier Méreuze [juillet 2017]

La pièce abolit les frontières de l’espace et du temps, n’ayant dès lors pour seule limite que l’imagination des interprètes. Et Cervantes, est d’une bienveillance toute tchekhovienne.
Les Inrockuptibles, Bruno Deruisseau [juillet 2017]

La magie du théâtre. Quelle joie de voir de tout jeunes acteurs s’emparer des planches avec un texte cousu main par un auteur et un metteur en scène inspiré. Un travail remarquable et d’une exigence folle. Il s’en dégage un bel engagement et une tendresse infinie
Vaucluse Matin, [juillet 2017]

On est à Istanbul, à Tunis, à Rambouillet, au Burkina Faso... On est vieux, on est jeune ou mort ou pas encore né. Sur le plateau, il n’y a pas seulement le peuple des Vivants, mais aussi celui des Morts. Et les Morts parlent avec les vivants… Moments suspendus, moments de grâce...
La Provence, [juillet 2017]

Cette création collective, faite sur mesure pour ces jeunes acteurs produit un théâtre généreux, ouvert au monde et découvre les talents de demain.
Inferno-Magazine.com, [juillet 2017]

On écoute, on rit, on pleure de tendresse et d’amour à chaque récit. Des récits d’assemblage qui nous questionnent sur quelles identités nous forment, nous spectateurs, quand on voit des destins si différents converger vers une telle joie d’être ensemble. Claire, Anton et eux est l’état du monde vu par les yeux d’une jeune génération d’artistes.
Sceneweb.fr, Hadrien Volle [juillet 2017]