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Le prince séquestré

2013

Après avoir collaboré avec de grands réalisateurs du cinéma égyptien, Hassan el Gereltly a été un des fondateurs du théâtre indépendant au Caire. Il dirige depuis 1987 la troupe El Warsha, cherchant à relier la culture Egyptienne millénaire et la création contemporaine, dans un monde en ébullition.
En 2009, François Cervantes et Hassan El Gerelty décident de travailler autour de la figure du clown, qui n’existe pas en Egypte.
Le clown, c’est aussi une figure de l’incompréhension entre les cultures : cet abruti qui erre sans trouver aucune place pour lui.
Hassan el Gerelty a l’intuition que le clown pourrait apporter beaucoup aux acteurs et aux spectateurs de son pays.
Dans Le prince séquestré, François Cervantes dirige Hassan El Geretly et Boutros Raouf Boutros-Galhi, acteur emblématique du théâtre et cinéma alternatif en Egypte.
Il écrit pour eux la rencontre cruelle de deux amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps, qui ne se reconnaissent plus, dans un monde déchiré. Un texte à la fois intime, et historique.
A partir du printemps 2016, François Cervantes reprend le rôle de Boutros Raouf Boutros-Ghali.

Texte et mise en scène François Cervantes
Assisté de Catherine Germain
Avec Hassan El Geretly et François Cervantes (reprise de rôle de Boutros Raouf Boutros-Ghali)
Son Xavier Brousse
Lumière Christophe Bruyas

Production L’entreprise
Production déléguée dans le monde arabe El Warsha Troup
Coproduction Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture, Institut Français, Ville de Marseille
Partenaires de production Friche la Belle de Mai, Théâtre Massalia
Remerciements Claudine Dussolier

Entretiens recueillis par Emmanuel Vigier

La rencontre
François Cervantes : On s’est rencontrés il y a longtemps avec Hassan. On a échangé, on s’est fréquentés. En 2010, on s’est revus au Caire et on a eu envie d’une collaboration un peu plus étroite, de construire un pont entre Marseille et Le Caire. C’était un peu abstrait au départ. L’idée que des jeunes auteurs, scénographes, poètes puissent circuler d’une ville à l’autre... En arrière plan, il y avait un territoire géographiquement, historiquement cohérent mais déchiré par les crises politiques, alors faire un pas l’un vers l’autre... Un jour j’étais au Caire, j’allais assister aux travaux de la Compagnie El Warsha. Hassan arrive et me dit : "J’aurais tellement aimé être clown, ça m’a toujours fasciné le clown". Venant de lui, homme de culture, de littérature, j’ai senti, dans sa voix, que c’était une chose juste. Alors je lui ai dit : "On y va, je te prends au mot". Le chemin vers le clown, ça réveillait tout un tas de sensations autobiographiques et de discussions sur le métier. Où il en était, où en était le pays.

Hassan El Geretly : Je ne suis pas favorable aux actes de création précipités. Il faut mûrir les choses. C’est le cas avec ce Prince... Quand je travaillais en France, j’étais dans une forme d’itinérance. Souvent, je rejoignais les parades dans les villes. Il se passait un truc. J’ai dit à François : "J’ai toujours pensé qu’il y avait un clown quelque part en moi, qui attendait de sortir".

Le Prince et la Révolution
Hassan El Geretly : Nous, on s’est investi complètement dans la révolution. Il y a eu une effervescence incroyable. Aujourd’hui, c’est une autre étape, du jour au lendemain, on ne sait pas ce qui va arriver... Le clown représente ce qui se passe quand il y a un déséquilibre entre les composantes d’une équation dans un monde très fragile. Et quand ce monde-là ne trouve plus son contrat social, il y a ce décalage, cette violence... La création devient un lieu incontournable de survie, de réflexion et d’action.

François Cervantes : Pendant deux ans, il y a eu des rendez-vous ratés, l’épuisement, l’incertitude... Hassan dit souvent qu’il y a eu d’abord la victoire, maintenant la bataille. Et ils savent que c’est long, il y a beaucoup de casse. Il y a eu des chants révolutionnaires, il y a eu des récits... Hassan travaille sur des témoignages autobiographiques de familles de victimes de la révolution, de personnes qui ont été emprisonnées... L’endroit où j’ai proposé le travail est différent. Les évènements sont là comme l’air qu’on respire, bien plus qu’un contexte. Dans les moments les plus mordants, est-ce qu’il y a encore la place pour faire vivre l’être intérieur qu’est le clown ? Est-ce que c’est la révolution en soi ? Est-ce que ça concorde avec la révolution extérieure . C’est intéressant le moment de la naissance d’un clown. Catherine Germain, comédienne de la compagnie L’entreprise, relie la naissance de son clown à une accident de voiture...
A lire : la critique de Brigitte Rémer, parue dans Théâtre du Blog, postée le 18 février 2013.